Petra

Joyau de la Jordanie, la capitale nabatéenne justifie à elle seule le crochet par ce pays.

Ce jugement n’est pas exempt de réserves. Malheureusement, le tourisme de masse fais ici ses ravages. Prix prohibitifs, aucune rencontre sincère avec des locaux à y espérer, beaucoup de sollicitations, et dans une certaine mesure, invasion du site en lui-même.

Fort heureusement et sur ce dernier point, les bus ne déversent d’hébétés panurgiens que durant quelques heures (surtout le matin), ce qui ne leur laisse guère le temps que de suivre le chemin principal et de ne pas sauter la barrière pour s’aventurer hors des sentiers battus… une contrainte qui, nul doute, leur convient à merveille.

C’est pourtant là tout le plaisir qu’a à offrir le site. Quelques chemins escarpés vous mènent vers des tombeaux oubliés, des ruines affaissées, au sommet desquelles vous vous sentirez l’espace de quelques minutes l’âme d’un explorateur en terres vierges (y a bien une petite voix pour vous dire que les lieux ont dû être retourné de fond en comble depuis des lustres mais bon…). Trois foulées et vous longez le rebord de falaises irréelles, scrutant dans les failles d’hypothétiques volées de marches qui mèneraient vers une nouvelle découverte, ou une sente perdue gravissant l’escarpement pour offrir un point de vue inégalable. Damn.

Bien entendu le Siq, et son ouverture sur le Tresorium, les façades des Tombes Royales, le Monastère demeureront inoubliables, mais s’en contenter serait vraiment amoindrir la portée de l’expérience.

En revanche, l’inflation frappe fort ici, et en dehors du logement, il sera difficile d’éviter la fuite de vos capitaux, que nombre de locaux s’empresseront de convertir en 4×4 autant rutilants que ridicules. En premier, lieu, l’accès au site coûte 40€, et cela devrait passer à 60 / 70 prochainement ! Sur place, la moindre miette ou goutte d’eau vous sera facturée comptant (et n’oubliez pas d’ajouter les taxes, et le service). A ce tarif, prenez un pass 2 jours, nettement plus rentable, et un gros sac à dos rempli de victuailles.

Vu les tarifs pratiqués, il existe plusieurs astuces pour entrer gratuitement sur le site tout de même… Faire les 15 bornes depuis Little Petra si vous êtes courageux ; ou alors, ce que j’ai tenté (et qui est plutôt facile), contourner le check-point de l’entrée, en prenant la rive gauche de la rivière asséchée grâce au pont du fond de la vallée. Traversez le parking, remontez à gauche au-dessus des étables des bédouins sans les laisser vous intercepter, restez à flanc de colline 500 mètres, et vous pourrez rallier par un gué le chemin officiel bien avant l’entrée dans le Siq. Par contre, ne tentez pas la chose trop tôt le matin (…comme moi, et merde). Des autochtones montés sur des ânes ou des chameaux louent leurs services aux panurgiens susnommés ; s’ils vous voient passer au niveau des étables, ils vous redirigeront vers le Ticket Office. A partir de la fin de matinée, les bédouins auront suivi le troupeau dans la vallée. S’il y en a un qui traîne, tracez sans répondre à ses appels (ou fendez vous d’un « No english, No english ! »). Une fois le checkpoint contourné, il n’y a plus rien à craindre, personne ne vous redemandera votre ticket.

Il existe d’autres passages par les montagnes si vous êtes bien renseigné, et vous pourrez ressortir par l’entrée principale en sifflotant.

En tous les cas si vous passez au Moyen-Orient, une étape par Pétra est juste incontournable.