La Grande Evasion
Résumé des épisodes précédents :
Me baladant, le nez au vent, innocemment, à Téhéran, je suis arrêté puis jeté en prison après qu’une fouille de mon ordinateur ait révélé mon récent passage en Israël. Nous sommes le 1er janvier. Luuk, compagnon d’infortune néerlandais, m’y accompagne. Les quatre premiers jours sont consacrés à l’interrogatoire, au passage devant un juge. Puis laissent place à plus de dix longues journées d’ennui, où, coupés du monde extérieur, nous ignorons totalement à quelle sauce nous allons être mangé…
Le matin du 16 janvier est d’une effrayante banalité. Comme si le temps s’était replié sur lui même pour former une boucle infinie, de 24h, toujours identique. Une boucle infernale, dont il est impossible de sortir, comme de ces murs. Mais bon, je n’ai abattu qu’un quart du chemin menant au déblocage de la situation, potentiellement au bout de deux mois… Pas le moment de baisser les bras. Alors je vais graver au mur une barre, la seizième. J’entame mon quatrième paquet de barres : c’est que ça commence à faire.
Comme si c’était encore possible, ma routine va être désagréablement brisée, ce matin. Pas de balade. On dirait qu’il y a du soleil, en plus c’est con… Mais bon, même si c’est rare, ce n’est pas la première fois qu’on nous “oublie”. Il ne me reste plus qu’à exécuter quelques exercices physiques, en attendant la sortie de l’après-midi. Qu’elle paraît loin cette balade… Comme je suis perclus de courbatures, cette séance est extrêmement pénible, et, en conséquence, allégée. Ne me reste plus que l’ennui. Je chante un peu… Le repas arrive finalement. Barquette de riz et poulet, on ne change pas un menu qui gagne. Le Domenech de la cuisine est iranien.
Puis, en tout début d’aprèm’, on vient chercher Luuk. Un peu trop tôt pour notre gimnastik, il se passe quelque chose. La police ? Le juge ? Etrange, en tous les cas : le gardien (ce jour là c’est le petit moustachu, tout sourire) vient ouvrir ma lourde porte métallique. Il n’a pas encore évacué Luuk ! Normalement, on vient nous quérir l’un après l’autre, quel que soit le motif. Puis, emmenant Luuk, il me laisse planté là, sur le seuil, avec mon bandeau pour les yeux (mais je le relève), les portes des deux cellules ouvertes. Pour être inhabituel, c’est inhabituel. Je jette un œil dans la pièce de Luuk, pour vérifier qu’il n’y a pas de traitement de faveur : nous sommes parfaitement à égalité. J’attends le retour du gardien, assez rapide. Il veut que je jette tout mon petit stock de bouffe, qui reste dans un coin de ma cellule : une orange, un kiwi, une galette de pain. Pas question ! Bon, à ce stade, je me dis que je suis soit libéré, soit transféré. Plus probablement libéré, mais sans voir de juge ou de flics, ça me paraît difficile à croire… Peut-être que l’ambassade de France a réussi à me faire sortir ? Dans le doute, j’embarque mes fruits, puis file le train à mon taulier.
Je reconnais les lieux : nous sommes devant la porte du médecin, vu le soir de notre incarcération. Au bout du couloir, c’est l’endroit où l’on nous a tiré le portrait, en face, la salle des relevés d’empreintes. Luuk est assis sur une chaise, souriant. Le gardien nous mets côte à côte, relève les bandeaux, puis nous désignant tous les deux : ”Talk !”. Un regard de mon compère et j’ai compris que pour lui, ça fleure bon la liberté. Nous levons les yeux vers notre geôlier, celui qui a le plus de mal en anglais. “Today bye-bye ?”, avec un signe de la main ? “Yes, yes, bye-bye”. Une bouffée de joie m’envahit, mais il est encore un peu tôt pour la laisser éclater. Luuk est mené chez le médecin, il sort au bout de 5 minutes, et est mené dans la petite pièce connexe, celle où l’on nous avait demandé de nous désaper. A mon tour. Le docteur me regarde par dessous, derrière ses lunettes rondes : “Physic, good ?”. “Yeah yeah, physic good !”. Puis, mettant un index sur sa tempe, et le faisant tournoyer comme pour désigner un fêlé : “Good ?”. “Yes !, mental, good !”. On prend mon poids, je fais deux cabrioles pour lui arracher un sourire. On me mène à mon tour dans la petite pièce, où je retrouve avec joie mes fringues. Je tâte la money pocket de mon fut’ : la SD Card est toujours là, avec ses 4 mois de vidéos intactes. J’entends quelques exclamations ravies de Luuk : en sortant, dans le bureau du fond, je vois nos affaires sur une table. Mon PC. Je ne pensais pas qu’ils me le rendraient, les cochons. Je récupère ma caméra, mon passeport, mes sous, mes clopes, mon sac à dos. J’allumerais l’ordi plus tard, là c’est un peu déplacé, j’espère qu’il l’ont pas bousillé. Signe un doc comme quoi, rien ne manque.
Le gardien nous redépose dehors. Nous demande ce que nous allons faire : on va descendre à Ispahan, Tabriz, Persépolis, sans doute. Le visa de Luuk s’est expiré pendant la détention, un peu de galères administratives en perspective. Nous discutons tous les deux à mots couverts, rien de bien franc tant que nous sommes dans l’enceinte de la prison. Notre geôlier nous fait signe de nous taire, précipitamment, rabat les bandeaux. Des flics entrent, discutent à haute voix. Ils nous embarquent, nous flanquent dans le gros Trafic… Nous nous sentons quitter l’enceinte d’Evin.
20 minutes plus tard, l’un des flics nous retire nos no-shesh, nos menottes. Nous sommes entourés de six hommes armés de fusils mitrailleurs. Vaudrait mieux qu’effectivement, on nous libère… Mais rien ne laisse présager un piège : notre escorte est détendue, se fait des blagues, nous pose les questions habituelles en Baby English. Je partage ma dernière orange avec Luuk. Une bonne heure d’embouteillages plus tard, le véhicule s’aventure sur la place Khomeini, nous vérifions alors que notre point de chute est bien notre hôtel, et demandons à ce qu’on nous laisse là, parcourir les cinq cents derniers mètres à pied. “Non, non »”, insistent-ils, “On vous dépose devant”. L’envahissante gentillesse des iraniens n’a d’égale que leur insensée paresse lorsqu’il s’agit de marcher deux minutes : alors c’est parti. Notre boulevard est en sens unique, à contresens, alors le fourgon s’engage dans des voies parallèles bondées, bloquées, surchargées. Téhéran est l’une des villes les plus propices à susciter des suicides collectifs parmi le corps de métier des urbanistes : un développement époustouflant, incontrôlé, sur fond d’inexistence, jusqu’à il y a peu, de tout transport public. Cinq cents mètres. Encore une grosse heure de perdue. Je tâte nerveusement le paquet de clopes au fond de ma poche : ces gars là me rendent fou, la nicotine est ma seule obsession désormais. On arrive enfin devant l’hôtel de Luuk. On se rabat dans la circulation anarchique… La porte qui coulisse. Une poignée de main parce qu’on est poli tout de même, un bond, un geste d’au revoir du bout des bras, le minibus s’ébroue et repart dans le flot déchaîné.
Nous le regardons disparaître de notre vue avant de sauter dans les bras l’un de l’autre, de soulagement, de joie. On vérifie que tout va bien. J’allume ma première clope (une Bahman, 3000 livres iraniennes le paquet, c’est du cheap) : elle est immonde, je crache mes poumons. Luuk me dit que c’est peut-être l’occasion d’arrêter. Oui, c’est vrai, mais celle là j’en ai trop rêvé, pas question. J’apprécie les dernières bouffées. Evidemment, nous sommes dans le noir total en ce qui concerne l’appréciation de notre situation, ici, dans le monde libre. Nous nous décidons alors à aller voir nos hôtels respectifs, pour réserver une chambre, vérifier qu’ils aient bien conservé nos affaires. Puis nous nous retrouverons devant histoire de filer à l’Internet Café, rassurer nos parents, pour peu qu’ils se soient inquiétés de notre absence. Ensuite, un super repas à l’Armenian Club, en plus ils devraient pouvoir nous fournir une bouteille de pinard au black eût égard à notre situation. Les ambassades sont fermées : nous nous y rendrons dès demain matin. Puis, en fonction de que nous diront nos différents interlocuteurs, pourquoi pas reprendre la route ensemble ?, nous avons tous les deux désormais la même idée en tête : aller voir les sites principaux en Perse Centrale, et mettre les bouts vite vite pour l’Inde en choppant un vol dans le Golfe Persique. Rendez-vous dans dix minutes.
A mon hôtel, je découvre un tenancier content de mon retour. Il me singe le passage de la police, puis “France embassy, France embassy”. Oui bah plus tard la France Embassy, tu comprends, là, elle est closed. L’homme insiste, je prends congé et récupère mon sac, en lui demandant de me dégotter une piaule. L’américain descend. L’américain, c’est un iranien, mais il a vécu deux petites décennies aux Etats-Unis, s’installant avant la Révolution, pour revenir dans son pays de naissance il y a quelques années. Cinquante ans, mais la silhouette bedonnante usée, cassée, une barbe grise éparse et des cheveux courts sous une casquette fatiguée. J’avais déjà discuté avec lui avant la taule, dans ses yeux vifs s’allume une petite lumière dès qu’il peut parler anglais. Et il est volubile, avec un accent yankee-persique, assez indéchiffrable. Les chicots qui lui restent semblent plantés aléatoirement dans ses gencives. Il m’explique qu’un représentant de l’ambassade de France est passé par ici et a laissé un numéro de portable, à rappeler. Que je dois 100$ pour la chambre et la garde du sac (d’où mon tenancier content de me voir), et un tips au garçon qui m’a fait ma lessive. Nice. Je double-tips le garçon (qui m’a sans doute piqué ma clé MP3, le veule), branche mon ordinateur et l’allume. Je veux vérifier qu’ils n’ont pas touché aux données : on dirait que c’est le cas. Même mes photos d’Israël sont toujours là ! Bon, l’ambassade. La réception est déjà au téléphone avec mon sauveur. Il m’informe que leurs services passent me récupérer, avec mes affaires, je dormirais en Terre Française. Chouette. Je remballe mon fatras, récupère le numéro de l’hôtel de Luuk : idem de son côté. On se tient au courant par email. Je passe 20 minutes à fumer clope sur clope, en laissant croire à l’américain que je comprend ce qu’il me baragouine, alors que je n’en saisis pas un traître mot.
Deux concitoyens viennent me chercher. Je ne sais pas s’il serait bien malin de nommer ou de décrire ceux que j’ai été amené à rencontrer à partir de ce moment là, je vais donc m’en abstenir… Ils s’attendent probablement à récupérer un traumatisé, un gars qui resterait proscrit dans un coin murmurant “C’est pas moi, c’est pas moi…”. Histoire de ne pas laisser le doute s’installer, à la première question, “Tu as besoin de quelque chose ?”, je leur demande de la coke et des putes, histoire de fêter dignement cette sortie de prison avec les deniers du contribuable. Eclats de rire. Ces mecs sont sympas, ainsi que les autres membres de l’ambassade. Dans la voiture aux vitres fumées, je décris brièvement les faits, ou ce que j’en connais. Ils me confirment qu’ils ne savaient pas le motif de mon interpellation, pas plus que mes parents. Ils me tendent un téléphone, je peux joindre la maison, quelques instants, car nous franchissons déjà la porte de l’allée de l’ambassade.
Mes parents ont été prévenu de ma libération, aussi, lorsque je les ai au téléphone, c’est le soulagement qui prévaut. Je leur brosse un portrait sommaire, de tout ce qu’il peut y avoir de rassurant dans mon aventure. Après tout, je n’ai pas été maltraité, affamé, battu ou que sais-je encore. Je ne suis resté enfermé “que” deux semaines. Le plus dur aura été le manque d’information, si j’avais été informé (et si tout le monde avait été informé) que mon incarcération durerait quinze jours, j’aurais rongé mon frein, mais l’épreuve aurait été plus surmontable. Je m’inquiète ensuite de leur sort : comme toujours, la force de ces deux là n’aura de cesse de m’étonner. C’est pas qu’ils aient passé des moments facile (bon débarras ! :) ), mais me connaissant assez bien, ils savaient que j’avais les ressources pour tenir. Ce qu’il leur fallait donc faire aussi. En bons connaisseurs des régimes à la con, et de la culture moyen-orientale – mes vieux sont voyageurs, et ont vécu en Egypte, Irak, et Arabie Saoudite entre autre -, ils savaient qu’il ne leur servait à rien de paniquer, que l’intrigue pouvait avoir un dénouement plutôt inattendu, mais probablement heureux, pour un ressortissant occidental. Ils se trouvèrent même à rassurer des membres de la famille, des amis et voisins moins au fait. Très fier de retrouver cette force de caractère familière, je les plantais là en leur promettant de les rappeler plus longuement. Je jetais mon sac dans la chambre qu’occupa longuement Clotilde Reiss, puis fût invité à débriefer tous l’embrouillamini.
Je vous ai bien tartiné l’ensemble du récit. mais à cette occasion, j’appris aussi quelques tuyaux. Tout d’abord, le lieu de notre interpellation. On nous avait parlé de Zone sensible lors de nos interrogatoires ; il s’avérait en fait que le carrefour où nous fûmes arrêtés était situé à l’angle d’un pâté de maison, très surveillé. C’est ici que se trouve la villa de l’ayatollah Khamenei, le Guide Suprême (et successeur de Khomeini, premier Guide Suprême en 79, ne pas confondre). Effectivement pas le meilleur endroit pour sortir le laptop. En se fondant sur mes repérages solaires approximatifs, nous déterminons que j’ai ensuite été conduit Evin, un établissement pénitentiaire renommé… La question de mon avenir se pose : on me recommande de repartir au pays. Une solution que je ne rejette pas, mais je préfèrerais reprendre la route, avec le père Luuk éventuellement. En Iran ? On me le déconseille vivement. Pourquoi pas sauter directement en Inde alors ? Je décide, sur leur avis éclairé, d’en discuter avant tout avec mes parents.
Je demande à me rendre sur Internet : j’ai une foultitude de mots de passe à changer. Facebook, emails, puis, comme tous utilisent le même code, l’ensemble de mes services web y passent. Sur le réseau de Zuckerberg, sur Twitter, ou dans mes messages, je reçois une foultitude de mots de soutien, beaucoup de paroles gentilles pour ma famille, mes parents. Pas question d’y toucher maintenant, je fais le dos rond. Sur Facebook, mon père a annoncé ma libération, ça commence à être bien relayé. Je mets le tout hors ligne, recommande de faire profil bas à tout le monde. Ne sachant pas si mes moyens de communication sont espionnés, inutile de provoquer les autorités iraniennes au motif de laisser éclater ma joie online.
J’arrive sur l’une de mes très vieille adresse email, la “Voila”. Rentre l’ancien password. Une notification, en français, s’affiche : mon compte doit être réinitialisé, ne l’ayant pas visité depuis plus de 6 mois. Normal pour moi. Etonnant de la part des iraniens : je pensais qu’ils avaient vérifié tous mes secret emails. L’enquête n’a pas dû être bien profonde. A la réflexion, je n’ai même pas pensé à demander un papier à ma sortie, un justificatif, n’importe quoi, prouvant notre remise en liberté en bonne et due forme, après blanchissement. Il n’y a aucune trace tangible de cette parenthèse de bagnard. Je n’ai pas eu de jugement à ma libération, rien. Une enquête bâclée… Est-ce que j’ai fait quinze jours de taule “préventive”, 15 jours “de garde à vue” ? Faut pas faire ch… le régime. Un comportement déviant, et hop, 15 jours à l’ombre, ça le calmera. Allez savoir.
Le personnel de l’ambassade de France n’est pas vraiment de cet avis, et je les comprend. Pour eux, c’est un emprisonnement d’abord tout à fait illégal, n’ayant même pas été notifié de ma rétention ; et ceci peut survenir à n’importe quel moment dans un pays très risqué. Pas de bile à me faire sur mes photos d’Israël, ils les auraient trouvé de toute façon. J’objecte que, bien planquées, et comme ils n’avaient pas à les chercher outre mesure, j’aurais pu m’éviter ces mésaventures. On me répond qu’ils auraient dégotté les photos, qu’ils nous auraient interpelé pour d’autres motifs. L’Iran est un pays dangereux avec un régime oppressant peu respectueux des droits et libertés, publiques et individuelles. Force est de m’incliner, ils connaissent mieux le dossier que moi. Ils ont très peur du passage d’autres touristes, tartinent la page de recommandation des Affaires Etrangères de rouge et d’ “Attention danger”.
Après le roman que je viens de vous délivrer, je ne peux pas leur donner tort. S’il faut reconnaître, et j’y reviendrai, que l’Iran est un pays magnifique, à la population magique, leur système politique est indubitablement l’un des plus dangereux et inconstant de la planète. Seuls les voyageurs chevronnés devraient s’y rendre, hommes de préférence, après avoir bien vérifié de ne contrevenir à aucune loi locale, d’être absent d’Internet, et encore !, en sachant que toute rencontre avec un représentant de l’autorité peut être prétexte à de sérieuses emmerdes pouvant très mal se finir, quand bien même vous n’auriez aucun tort à vous reprocher. Il faut se tenir à l’écart des substances ici illicites, en premier lieu l’alcool, et ne pas parler trop librement aux autochtones : les services secrets ont des yeux et des oreilles partout. Je ne suis pas partisan de couper du monde une population opprimée non plus, et la présence d’étrangers fait un bien fou à de nombreux iraniens. Mais le danger est réel, omniprésent, constant et facétieux. Evidemment, tout individu en relation avec ma personne risque de sérieux problème, surtout si nous avons communiqué par mail (cet individu risque surtout de ne pas se voir accorder le visa, de toute façon). Pour ma part, je serais dans le premier avion à destination de Téhéran une fois la République Islamique renversée, ce qui se produira de mon vivant, à n’en pas douter, vu l’archaïsme de ce régime et la volonté de changement de nombreux iraniens.
Mon tour d’Internet est rapidement interrompu : on m’invite à me joindre au repas officiel, “grignote” organisée autour du passage d’entrepreneurs français en Perse. Dans les salons de réception aux grandes portes vitrées, aux plafonds hauts, ornementés de fresques, d’angelots, de lustres en cristal, aux murs richement habillés de panneaux festonnés, et dont la teinte claire reflète les lumières chatoyantes ; dans ces salons s’étale un buffet somptueux, un banquet de rois, éparpillé dans de grands plats ronds – j’aperçois des quenelles -. J’ai à peine pris le temps de mesurer l’écart avec le tableau que m’offrait la veille, cette cellule grise avec une barquette en aluminium, la cuillère en plastique, accroupi au sol, que je suis déjà le nez dans mon assiette. J’ai repris du riz, je suis pas rancunier. Il y a même du vin, un picrate qu’est pas sorti d’la cuisse à Jupiter. On fume une clope entre le fromage et le dessert, on est détendu pour un bâtiment officiel. Les convives sont franchement sympathiques, quand ils ne parlent pas boutique, et, en prenant des gants, s’enquièrent un peu de mes aventures. On m’apprend un peu ce qu’il se passe “dehors” : Ben Ali se serait fait éjecter, il a peut-être pris un avion direction Djedda. C’est fou.
Peu avant minuit, me voilà seul. Tiens donc. Pour la première fois depuis longtemps. Mais cette parenthèse sociale m’a fait un bien fou. Je fume une clope d’abord… On m’a donc refilé la piaule qui abritait Clotilde Reiss. Bon y a pas à dire par rapport à ma cellule. Mais même par rapport à toutes les chambres d’hôtels miteuses que j’ai pu rencontrer ces précédents mois, ou par rapport à (feu) mon appart, y a pas photo. J’ai quatre pièces pour moi, distribuées par un couloir. Dans la cuisine, les cuistots m’ont laissé du pâté en croûte, deux croissants, de quoi faire le petit déj. Il y a du café, du thé, un grille pain… Quel bonheur. La salle de bain: un chiotte à l’occidentale !, et une vraie douche qui tient la route. De l’eau chaude, bien sûr. Clean. Place au salon, avec une petite TV, branchée sur le satellite. Y a TV5 en français. Canapé, table basse, corbeille de fruit, cendar. La chambre dispose d’un grand et confortable plumard. Et d’un téléphone. Il est temps d’appeler l’Auvergne. Puis ma frangine. Une cousine, un ami. J’ai assez abusé de nos impôts pour m’en arrêter là. Un retour en France s’impose, mes vieux y tiennent : ça se fera par le premier avion, on m’avait parlé du mardi matin je crois.
Ce qui me laisse le lendemain, lundi, à passer ici, “enfermé’” à nouveau. Je suis pas enfermé, d’abord je suis super libre de me balader dans l’enceinte de l’ambassade, ensuite, j’ai le droit de sortir, mais on me l’a fortement déconseillé. Mais bon je m’en fous, c’est un terrain immense pour une journée. Et déjà !, ces quatre pièces me suffisent amplement. Douche. Puis salon, le PC est branché, il est temps de me venger sur quelques jeux vidéos, clope au bec. TV5 Monde en fond, desfois que. Et le temps passe en oscillant de l’un à l’autre. 4h30, je décidé d’aller me coucher. Mais là début une émission assez bizarre. C’est un belge, passionné de rhododendrons, qui part visiter des congénères au Canada. Fou. Une émission sur les rhododendrons. Avec l’accent belge ET l’accent québécois. C’est trop énorme. Il faut que je reste devant l’écran.
Si je cite cette anecdote (véridique), c’est pour mieux expliquer à quel point, ce soir là, n’importe quoi me passionnait. J’avais subi un tel sentiment de privation, que tout prenait soudainement un intérêt insensé. Je ne faisais trop rien pourtant. Mais je rouvrais de vieux jeux vidéos, cinq minutes, puis j’y restais une heure. Je regardais une scène de film (pour voir si elle était bien comme je me l’imaginais, depuis la prison), avant de regarder la moitié du long métrage. Je remplissais des grilles de sudoku, tout en levant le nez pour contempler – et pour la peine avec une réelle passion – les maniaques du rhododendron énumérer les espèces sub-équatoriales du plateau Kenyan.
L’électricité sautait dans la cuisine alors que j’allais chercher une énième cafetière pleine, puis dans le salon peu après. Vaille que vaille, je tirais une fragile rallonge depuis la chambre, fruit de toutes les multiprises collectées dans les murs. 6h. On m’a dit qu’à sept heures du matin, je pourrais aller faire joujou sur Internet dans les bureaux : autant attendre. C’est donc victime (consentante) d’une nuit blanche que je me retrouvais à geeker toute la matinée durant. Lors d’un petit repas à la cafét’, on me rappelle que ce soir, l’ambassadeur de Hollande, sa famille et Luuk passent dîner avec nous : chouette. Plutôt que de piquer un roupillon, je passe mon après-midi en vaines et délicieuses occupations, encore.
Nos invités se présentent. L’ambassadeur de Hollande et sa femme parlent parfaitement français, et Luuk, malgré sa modestie, n’est pas en reste. Même leur jeune fils s’y entends déjà dans la langue des Lumières, et ce n’est pas sa première langue étrangère. Les néerlandais sont bénis : leur langue est tellement repoussante qu’ils en acquièrent de nombreuses autres, avec brio, dès le plus jeune âge. Apéritif détendu, toujours dans les riches salons de réception… J’aide notre jeune invité à se débarrasser de quelques niveaux de Mario sur sa Game Boy (le pauvre n’a pas encore saisit l’intérêt de la touche “courir”), encouragé par ses exclamations enjouées. A table, j’en apprends un peu plus sur comment Luuk a vécu l’aventure de son côté, passablement de la même façon. On lui a rasé sa barbe rousse débordante en taule, il a l’air beaucoup plus jeune, une trentaine d’années tout au plus. Son quotidien a été peu ou prou le même, ses interrogatoires nettement plus capillo-tractés, puisqu’il n’a même pas mis les pieds en Israël. Il a tout d’abord nié savoir que j’y avais été, avant de leur avouer que je le lui avais révélé ce fait dans la voiture, lors de notre arrestation. Il a eut pas mal d’emmerdes avec son visa, tout le monde confondant sa date limite d’entrée sur le territoire iranien avec sa date limite de séjour… Mais bon, tout était en règle de ce côté là. Plus déroutant, il était à deux doigts d’une tentative de bakchich de nos gardiens. En effet, il était équipé d’une petite banane (y a bien que les hollandais pour continuer à en utiliser, je sais) glissée à même le corps, en bandoulière, et qui n’avait pas suscité de méfiance à la première fouille : le policier l’avait tâtée mais laissée en place. Dans le secret de la petite pièce où nous nous déshabillâmes, il la conserva sous son pyjama, et passa alors les 15 jours de détention avec 700 US$ sur lui ! Corrompre des fonctionnaires de l’administration pénale qui ne parlent pas anglais étant particulièrement délicat, il n’avait pas encore tenté d’en avoir l’usage, mais se le réservait d’ici à quelques jours… Il avait finalement été récupéré par son ambassade sans heurts, mais comme ces derniers n’ont pas eu d’affaire Reiss, il fut logé chez l’habitant, ce qui lui convenait tout à fait. Lui aussi avait décidé de rentrer rassurer sa famille, avant de repartir pour l’Inde, nous nous sommes donc convenu de nous retrouver là bas [et pour votre info, on s’y est raté, mais on a passé un mois ensemble en Thaïlande, entouré d'une belle brochette de joyeux drilles…].
J’apprends enfin comment la nouvelle de notre arrestation s’est réellement répandue. Histoire incroyable. Les parents de Luuk ayant décidé de passer Noël en famille, ils avaient tenté les démarches pour un visa pour l’Iran, une opération extraordinairement complexe sauf si vous vous décidez à le demander à Trabzon, Turquie. On vous demande entre autre de fournir des relevés d’empreintes digitales, vos fiches de payes, votre parcours détaillé, un chèque de xx euros (ça dépend d’où vous venez, mais c’est souvent élevé), ainsi qu’une invitation par un local ! Pour se dépêtrer de ce merdier, le plus simple reste de faire appel à une agence spécialisée dans les visas, iranianvisa.com, par exemple. Ils vous aident à constituer le dossier, l’envoient à l’ambassade. Peine perdu pour les géniteurs de mon comparse : leur demande se voit refusée. Ces braves gens passent donc leur Noël à la maison, et font leur bonhomme de chemin jusqu’à ce qu’un nouveau mail vienne briser leur train-train : iranianvisa.com les informant qu’ils n’ont pas reçu le paiement (exorbitant) pour leurs services, vers le 5 janvier. Ni une ni deux, les hollandais leur répondent poliment d’aller se faire foutre ; ce à quoi ils reçoivent pour réponse un “Bande de …, c’est bien fait si votre fiston est en taule par chez nous”. Ce qui laisse entrevoir d’une fort belle façon le fonctionnement d’une boîte iranienne dont le cousin du dirigeant est au Ministère de l’Intérieur. N’ayant pas reçu de réponse à leurs Happy New Year!, les parents de Luuk prennent un peu peur quand même et en informent leur ambassade. Armé du Lonely Planet, ils repèrent l’hôtel où Luuk a posé ses valises, le moins cher. Le propriétaire les rassure : “Oui oui, j’ai bien un hollandais qui n’a pas pointé le bout de son nez depuis plus d’une semaine, et son sac est là. Mais pas de problème, il est aux mains de la Police. Ils sont passés la veille à un hôtel, juste derrière chez moi, récupérer le passeport d’un français disparu dans les mêmes circonstances !”. Les néerlandais prévinrent leurs alter-ego froggies, le bruit se répercutant jusqu’à chez mes parents par la suite. Ubuesque.
L’épouse de l’ambassadeur de Hollande récupéra auprès de ma guesthouse un papier vaguement officiel portant un numéro de dossier consécutif au retrait de mon passeport. C’est la seule mention officielle à ma connaissance de notre détention. Interrogées, les autorités iraniennes nièrent tout d’abord avoir mis sous les verrous deux occidentaux, avant d’admettre, mais de traîner des pattes pour nous mettre en relation. Armé de ce numéro de dossier, elle tenta (sans succès) de déterminer l’accusation portée contre nous, les conditions de notre interpellation et les possibilités de nous contacter, en arpentant des bureaux du Palais de Justice ressemblants à un croisement entre The Ministry of Silly Walks des Monthy Python (Flying Circus) et la Maison qui Rend Fou des 12 Travaux d’Astérix.
On renvoie tous le monde à ses pénates pas trop tard : Luuk décolle dans deux jours, moi, c’est demain, mardi matin, 6h. Soit départ au milieu de la nuit, l’ambassade m’affrète un chauffeur, ainsi qu’à trois autres français de la mission économique, qui décollent par le même avion. Il serait bon que je dorme un peu, d’autant que, comme j’ai pu m’en rendre compte lors du repas, la fatigue gagne du terrain. Déjà que pleinement éveillé, mon anglais reste un peu trop tâtonnant, j’avais multiplié les bégaiements et les hésitations au cours du repas. Mais je préfère me coller le nez dans le bouquin. Puis la téloche. Le PC. Le bouquin. Téloche. Je fais mon sac, regarde l’heure. Il me reste une heure et demi pour roupiller… A contrecœur, je mets le réveil, me couche à regret. Je m’agite et je n’arrive pas à trouver le sommeil. J’ai finalement l’impression de sortir d’un petit somme, mais le réveil n’a pas sonné… Je me lève d’un bond : ne pas rater l’avion !!! …je suis allongé depuis une demi-heure seulement. Et je n’ai définitivement pas envie de dormir.
Je discute un peu avec l’accompagnateur de l’ambassade dans la voiture, je pense surtout à mon retour en France. Mon père a posé un congé, et mes parents viendront me chercher à Charles De Gaulle. J’ai une sacrée histoire à raconter dis donc. Repasser à Paris, faire un saut à Angers. Préparer le départ pour l’Inde, dans un mois, ce serait bien, le visa expirera rapidement ensuite. Arrivé à l’aéroport, je suis surpris par la foule, le bruit, les conversations. A part ma brève attente, déboussolé, à l’hôtel, je ne me suis pas plongé dans la société civile iranienne depuis 17 jours. Les femmes voilées aux comptoirs donnent la réplique à des techniciens énervés qui s’efforcent de relancer le système informatique planté. Bordel iranien, policé, organisé, à cet aéroport qui est aussi la vitrine du pays. On nous annonce que l’avion atterrira en France avec du retard : notre vol direct fera escale au Danemark, “parce qu’on a pas assez d’essence”. Bordel ir… Bordel de merde. Je commence à être impatient de rentrer. D’abord, on a pas d’essence, en Iran ? Un pays qui a plus de pétrole que de flotte ? Mais bon, si l’Iran a du pétrole, brut, l’Iran n’a pas construit de raffinerie, depuis la chute du Shah. Normal. Et avec l’embargo, m’apprend-t-on, Iran Air, la compagnie nationale iranienne, n’est plus autorisée à acheter de l’essence sur les tarmacs de certaines nations. Et fait donc le plein où elle peut, sur la route, plus ou moins. A Copenhague. ‘chier.
Je me sépare de mes trois accompagnateurs pour monter dans la carlingue. Nous avons confié mon ordinateur au bagage à soute de l’un d’entre eux, au cas où les autorités iraniennes voudraient me chercher d’ultimes bisbilles. Mais pour l’instant, j’ai franchi la douane et tous les contrôles sans encombres. Je taille le bout de gras avec mes nouveaux compagnons, des entrepreneurs dans le bâtiment entre deux âges, qui ont de la gouaille et n’hésitent pas à en avoir l’usage. Sympas. Je m’installe dans mon petit siège, alors que la cabine est bien chargée. Ca sent bon la liberté tout ça : les moteurs démarrent. L’avion s’ébroue, va prendre place en bout de piste. Attend. Les moteurs ralentissent, s’arrêtent. Attente. Ils reprennent finalement, le temps pour l’avion de faire demi-tour. Un murmure parcours l’assistance tandis que nous sommes invités à rejoindre le terminal le temps de résoudre “un problème technique”. J’espère ne pas être le problème technique. Je ne m’attends plus qu’à voir des flics iraniens à la sortie, ce serait parfait.
Rien de tout ça bien sûr, mais une longue attente. Les techniciens fouillent les entrailles d’un réacteur… L’avion est un Airbus. Avec l’embargo, l’Iran ne peut plus acheter de pièces de rechanges, la flotte d’Iran Air tombe donc en décrépitude. La semaine précédente, un vol interne s’est écrasé, faisant 77 morts. Ca vaut peut-être le coup d’y vérifier à deux fois, effectivement. Mais comme toujours, on attend, sans information. Ca ne me stresse pas d’habitude, mais là, c’est intenable. J’ai trop pratiqué, ces derniers temps. J’ai pas mon PC bon sang… Heureusement, les iraniens décident que c’est trop long et autoproclament une zone “fumeurs libres” au bout du terminal. La compagnie nous file des plateaux repas. Des barquettes en aluminium. Bof. En milieu d’après midi, on nous informe que le vol est annulé.
En Auvergne et alors que j’étais jeune, ce phénomène avait un nom, dont certains Grands Anciens conservent la trace. Ca s’appelait la Doudou Touch. Quelques personnes particulièrement échaudées (et/ou éméchées) me promettaient de consigner dans de grands volumes encyclopédiques les annales de ce miracle païen quotidien. La Doudou Touch, c’est une sorte de malchance insensée, implacable, inéluctable. Ou parfois juste un Générateur d’Improbabilités Infinies : si une chose ne peut pas arriver, car contredisant les lois de la Logique, de la Nature, de la Physique, ou des trois à la fois, alors elle m’arrivera. Son folklore se composaient de nombreuses histoires, de la malédiction frappant tous les moyens de transports animaux et mécaniques existants et que je chercherais à emprunter, à la fois où l’on m’avait abandonné pour mort dans les Combrailles. Et si vous ne connaissez pas le Puy-de-Dôme, croyez moi, il ne fait pas bon disparaître dans les Combrailles. La Doudou Touch s’est un peu atténuée avec les ans – ou alors, je l’ai intégrée -, mais là elle avait frappé un grand coup. Mes trois comparses s’en rendirent bien vite compte, m’affublant du surnom, bien mérité, de “Poissard” tandis qu’une voiture nous ramène à l’ambassade. Entre la récupération des bagages, le changement de réservation, il fait déjà nuit. Je rentrerai le lendemain matin tôt, avec une escale à Francfort, sans payer plus et heureusement car c’est pas l’Etat qui régale… Mes accompagnateurs partent eux dans la nuit, l’un d’entre eux, par prudence, avec mon ordinateur, qui passera donc quelques jours dans quelque reculée ville de province… snif. Moi, mon programme a un peu changé, après l’échec de ma récupération par mes pauvres vieux (qui ont fait le voyage vers Paris le cœur léger, et puis BIM!). Quelques jours à Paris, pour pouvoir croiser tous ceux qui m’ont laissé un mot sympa. Puis direction Clermont, rassurer les parents, me rassurer.
En attendant, nous allons nous rassasier à l’Armenian Club, le meilleur restaurant de la ville, et juste en face de l’ambassade de France comme par hasard. Puis comme les autres convives repartent prendre leur vol, je me retrouve là encore à bouquiner et à traîner. L’expérience de la nuit dernière m’a appris qu’il n’était même pas la peine d’essayer de dormir, tellement l’envie m’en manque. Pourtant, les symptômes de l’épuisement sont là, je bégaie, je ne marche pas droit, j’ai du mal à lire ou à me concentrer. J’ai du mal au téléphone tandis que j’organise un petit pot pour mon retour (je ne dois pas communiquer par Internet). Mais j’ai encore tellement de temps à rattraper ! Le sourire aux lèvres, je me trouve de multiples occupations. Ma troisième nuit blanche passe vite -bon sang, on est mercredi matin, et la dernière fois où je me suis couché, c’était samedi soir. Dans ma cellule. Au sol.- . Le retour du chauffeur. Cette fois-ci, c’est la bonne.
Sac confié. La douane est franchie. Comme dans un rêve. Je demande aux français repérés la veille d’envoyer un SMS confirmant au personnel de l’ambassade que je suis bien monté dans l’avion. Nous nous excusons, mais le vol direct Téhéran-Francfort fera escale à Vienne…oui je sais, parce qu’on a pas assez d’essence.
L’avion est en bout de piste. Les réacteurs rugissent…
Je vais essayer de dormir un peu, en vol.
L’appareil s’arrache à la pesanteur terrestre.
Dans une boucle, un paysage blanc, je vois Téhéran. Plein nord, les contreforts enneigés qui enserrent la Caspienne retiennent des nuages épars en les clouant de leurs sommets.
Le soleil naissant s’élève rapidement à l’Est tandis que l’avion prends de l’altitude. Puis nous lui tournons le dos, légèrement. De mon hublot, je vois les premiers rayons accourant du Ponant s’agripper, scintillants, à la carlingue. Cherchant à le retenir, à le clouer au sol, lui qui précipite le spectacle majestueux de Son lever.
A le ramener au sol iranien.
Ignorant leurs imprécations, l’appareil file rapidement à l’Ouest.
Je rentre.
* Pour ceux qui ont la mémoire courte (depuis le dernier article), Clotilde Reiss est cette étudiante Française accusée d’espionnage en Iran en juin 2009, emprisonnée, puis cloitrée 9 mois dans l’enceinte de l’Ambassade de France en Iran. Cet épisode avait été fortement médiatisé, renforçant sa situation d’otage politique.
Voilà. Je manque de mots (et pourtant j’en ai déballé !) pour remercier le personnel de l’ambassade de France à Téhéran, des personnes qui en plus d’avoir le don rare d’être extrêmement compétents, restent très accessibles, sympathiques et d’une compagnie précieuse. Merci à Philippe et sa bande pour les bons moments et le coup de main. Merci aux gens de la maison Chevalier pour m’avoir “couvert” dans la dernière ligne droite. Une pensée aussi pour la cellule de crise du Ministère des Affaires Etrangères, qui est parvenue à éviter que mes parents aient une attaque cardiaque (et merci d’avoir libéré Adeline). Merci à tous ceux d’entre vous qui ont eu le temps de me laisser un petit mot pendant mon incarcération :). Bisou !
Mana Neyestani a publié en 2011 « Une Métamorphose Iranienne » (Editions Ca et Là), où il raconte son séjour dans la même prison d’Evin. En 2006, son dessin d’un cafard utilisant un mot Azeri lui vaut trois mois de taule. Il connaîtra ensuite d’énormes difficultés, lors de sa fuite, pour trouver un pays d’accueil, la France lui accordant le statut de réfugié politique en 2010.
Allez en apprendre plus sur sa bande dessinée, et n’hésitez pas à vous la procurer ;).
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Bon, t’es bon pour écrire un bouquin mon ami, car tu te lis avec beaucoup de plaisir…
Quelle aventure de fou! Il a du te falloir une sacré dose de sang froid et de patience. J’espère que tu as pu reprendre la route sereinement et que ton périple en Asie se fera sans que la Doudou Touch ne frappe trop fort.
Bises
Ton récit était super passionnant , j’oserai presque dire « a quand la prochaine ? » , en tout cas content que tu n’ai pas pasé plus de temps en prison , mais bon l’éxperience doit quand même permettre de prendre du recul sur certaines choses non?
Bon voyage pour la suite (tu es au Népal je crois en ce moment?)
@damdam : Thanks ;), mais je préfèrerais que ces mots là restent online, je pense…
@Bao : Oui je te rassure, là, au Népal, tout se déroule pour le mieux. Merci !
@Cédric : L’expérience te permet de repenser à beeeaaaauuuucoup de choses, ça c’est sûr :). Après pour le recul… bah je suis toujours un peu con qd même (et tant mieux) !
Cher « Doudou »,
Je me dois maintenant que le récit de ton aventure est terminé de te remercier. Te remercier de nous avoir fait découvrir le système iranien de l’intérieur, et surtout à travers une plume des plus agréable à lire. Je me suis délecté de ton histoire, d’autant qu’elle est comme je les aime, avec un happy ending. A quand le bouquin???
Je suis presque jaloux de ne vous avoir suivi au fond du trou (il semble qu’il ne s’en soit fallu que de quelques heures), et je me réjouis que tu aies permis de faire faire à mes compatriotes de l’Armenian Club de fleurissantes affaires. A croire que tu cherchais un prétexte pour y retourner.
Je me pose la question si notre balade nocturne dans les rues de Téhéran à quelques jours du réveillon du nouvel an, où tu m’avais dit que tu aurais bien aimé aller à l’ambassade de France voir si une soirée n’était pas en préparation n’était pas prémonitoire. Prémonitoire puisqu’à peine 2 semaines plus tard, tu y habitais…
Fais signe quand tu es en Asie du Sud-Est, je passe en Thailande d’ici deux jours, on peut aller se prendre une bière/green curry si tu es dans le coin.
Anto
Bonjour,
Je suis expatrié en Iran depuis 3 ans, et je retrouve dans votre récit plein d’anecdotes sur la vie en Iran : la « gastronomie » iranienne, l’inhospitalité et la paranoïa des services administratifs (vis à vis d’un occidentaux), …. mais avec une tournure plus grave que ce que j’ai vécu juste ici.
C’est malheureusement triste à dire mais, comme me la dit un diplomate français en Iran : « nous sommes tous des otages potentiels dans ce pays »….
En tout cas content que cela n’ai pas été plus loin pour vous…..
Pfiouf! Ça pour une histoire, c’est une sacrée histoire! Fais moi signe qd t’es en Asie, j’ai des bons plans pour toi :) Peut être des potes à moi que tu pourras rencontrer…Tu verras, l’Asie du Sud Est c’est beaucoup plus smooth :)
> Anto : on avait quand même violé deux lois iraniennes lors de cette balade nocturne, t’as eu de la chance de pas m’avoir suivi au cachot toi… :) En tous les cas, si j’étais parvenu à passer à l’Ambassade de France un quart d’heure plus tôt le jeudi 30déc, peut-être que toute cette histoire aurait-été différente, qui sait ??!?
On se retrouve pour trinquer en Thaïlande, promis. Bisou !
> Svedd : Autant l’Iran est un pays génial à visiter, autant y demeurer aussi longtemps, c’est pas évident ! J’espère que ton séjour ne connaîtra pas de parenthèse aussi désagréable (bon y a pas trop de raisons, quand on connaît le terrain). Bonne continuation dans ce pays magnifique en tous les cas !
> Marion : Oh oui !, je compte sur toi. Tu as des plans hors-Vietnam bien sûr ? Car je décolle pour la Thaïlande dans quelques semaines à priori…
Je viens de lire tout ce histoire, que durait beaucoup de temps comme je n’ai pas pratiqué mon francais depuis longtemps (je m’excuse si je fais des erreurs). Mais quel histoire, tres interessant et aussi tu m’as fais rire avec tes observations et pensées. Tu es un tres bon écrivain. Quelle délivrance que tu n’es pas toujours a l’Evin, comme les hikers … merde!
Well Nine, even for a French reader it’s just an incredible act of courage to read those 12 729 pages of debrief… so I am impressed !!! :) (And btw I apologize for my well known love of words of more than 6 syllables, makes me feel like a clever writer) ; thank you very much for your comment !
Your French is ok, you even have a lovely English accent ;)
As we don’t speak a lot about those hickers in France (which have been caught in Irak, surprisingly), I highly recommand to follow Nine’s link, and join the FB support Page @ http://www.facebook.com/FreetheHikers … And to give a little something to Amnesty International, if you can.
Salut, je viens de lire tes mesaventures… Je suis en Iran depuis ce matin et ca confirme ce que je me suis dit il y a quelques jours, fermer ma gueule sur la politique… Je l’ai un peu trop fait en turquie, du coup merci. Les descrptions sont dignes de Jack black…
ciao
Génial.
t’écris bien l’grand douardo, j’ai pris plaisir à te lire.
et tu as un certain sens de l’humour
j’espère qu’on se croisera à mon retour
ciao
Je ne manquerai pas un bon débrief de ton propre voyage à ton retour, malgré cette réponse trèèès en retard ;)
Bonne route, bo voyage, backpacker !